
A l'occasion de la sortie de son album Transe Lucide, Disiz nous a reçu dans les locaux de sa maison de disques. Pour en savoir plus sur son album, découvre vite ses réponses à nos questions !
L'album sort dans un mois mais avant ça, tu pars en pré-tournée ?
Disiz : Oui, ma première date c'est le 19 février à Marseille et je serai au Bataclan le 19 octobre.
Tu n'as pas trop quitté la scène depuis la sortie de Lucide ?
Disiz : Non, mais je suis content, j'aime trop ça ! Avant je n'aimais pas ça mais maintenant j'adore.
Il ne s'est pas passé beaucoup de temps entre tes deux albums donc comment as-tu géré la conception de Transe-Lucide et la scène ?
Disiz : Pendant la tournée d'Extra-Lucide, je pensais déjà à Transe-Lucide, c'est d'ailleurs pour ça qu'à l'Olympia j'ai diffusé le premier clip de Transe-Lucide. Mais il y a quand même eu 6-7 mois où je n'étais pas en tournée donc j'ai pu me concentrer sur l'album.
Tu as annoncé l'album comme une trilogie. Est-ce que du coup Transe-Lucide est une synthèse ?
Disiz : Exactement ! C'est une trilogie volontaire, pensée et conçue comme ça depuis Lucide. Depuis le premier je savais que j'allais faire Transe-Lucide. Il y a même des morceaux d'Extra-Lucide que j'ai enregistré à la même époque que Lucide. Par exemple, Moïse et Les Moyens du Bord ont été enregistrés le même jour dans le même studio et pourtant ils ne se trouvent pas sur le même album. J'aurais pu faire un triple album dès le départ mais c'est chiant. J'ai préféré décliner tout ce que j'avais envie de dire sur 3 disques.
Finalement, cet album ce n'est pas seulement la synthèse d'une trilogie mais la synthèse de toute ma carrière. C'est pour ça que je reviens sur pas mal de choses que je n'avais plus fait depuis longtemps. Un morceau comme Banlieusard Syndrome qui ouvre l'album Transe-Lucide est un morceau que j'aurais pu faire sur Le Poisson Rouge.
Et est-ce que c'est une manière de boucler la boucle ? De passer à autre chose ?
Disiz : Non parce que je suis déjà passé à autre chose. Quand j'ai fait Dans le Ventre du Crocodile, donc sous Peter Punk, c'était carrément à autre chose. Même si en écoutant les textes, le fond est pareil.
C'est juste que Transe-Lucide est une des périodes artistique de ma vie et après je vais passer à autre chose mais pas genre « j'arrête le rap » ou ce genre de truc là.
La définition de TransLucide c'est : qui laisse passer la lumière sans être totalement transparent. Mais ce n'est pas la définition que tu donnes ?
Disiz : Non, moi j'ai fait un jeu de mot : c'est une transe dans la lucidité, ce n'est pas la même chose. Après, il y a quand même le rapport de laisser passer la lumière et le fait qu'il y ait un souci d'authenticité. C'est-à-dire que je voulais tout dire dans cet album, même les choses honteuses : Dans Kadija, je parle de mes erreurs dans ma vie de couple et ce n'est pas glorieux.
Parfois faire cohabiter un titre comme Rap Genius et un titre comme Miskine, ou Luv (Prendre Le Risque), c'est 2 choses différentes. C'est-à-dire que là où Rap Genius est très show-off, très mégalo avec quand même du fond et du propos ; Luv est très naïf, très simple et pourtant les deux cohabitent.
Quand tu as sorti Prélude à la Rébellion des C½urs, tu as fait tout un monologue où tu expliques les choses. Pourquoi avoir envie d'expliquer ?
Disiz : En fait, ce n'est pas le besoin d'expliquer en soi mais d'expliquer ma vision des choses. J'ai eu des retours où les gens n'avaient pas compris ce que je voulais dire. Donc soit je simplifiais ce que je voulais dire pour pouvoir être accessible mais ça atteignait la qualité de ce que je voulais donner, soit je faisais mes titres sans expliquer et alors je serais rentré dans un truc élitiste (ce que je déteste dans le milieu de la musique) ou alors je faisais des compromis en devenant un tuteur et en faisant des ponts pour que les gens comprennent.
Finalement n'y a-t-il pas une dualité entre le besoin de se justifier de son art – en plus, certains ne considèrent pas le rap comme un art - et le besoin de le laisser vivre ?
Disiz : C'est intéressant ce que tu soulèves. Ce besoin d'expliquer ou de justifier, c'est aussi parce qu'on ne considère pas le rap comme une musique ou un art à part entière. En France, on voit le rap comme une musique qui draine pleins de wagons : banlieue etc. Donc forcément, nous on est un peu mal à l'aise avec ça, on essaie de s'expliquer. Si il y avait un véritable média Rap, qui connaitrait de A à Z cette musique-là, peut-être qu'on aurait moins besoin de se justifier.
Tu dis « Mon disque est dark comme le monde et lumineux comme mes intentions ». Quelles sont tes intentions ?
Disiz : Mes intentions sont de combattre cette espèce de déterminisme autour de nous. Du genre, si tu es né là, tu vas écouter telle musique, manger telle bouffe et tu auras telle vie. C'est combattre cette espèce de fatalité sociale. C'est ça qui me frustre le plus. Mes intentions sont de montrer qu'il y a des accidents possibles et tu peux te considérer autrement que ce que la société te considère. C'est un peu simpliste, mais c'est ça.
Et la couleur musicale de cet album ? Dans celui d'avant, il y avait des influences diverses ; dans celui-ci, qu'as-tu voulu faire ?
Disiz : Comme tu dis, dans celui d'avant il y avait pas mal de choses mélangées alors que dans cet album, c'est très compartimenté. Il y a des morceaux très rap, d'autres tintés d'électro et il a toujours ce côté un peu pop, mais ce côté pop, il est moins présent que dans le précédent.
Donc cet album est très compartimenté, mais je n'aurais pas pu le faire sans celui d'avant : les gens n'aurait pas compris ce que je voulais faire. Comme là l'album s'inscrit dans une synthèse, on peut mieux comprendre la composition.
Ce retour au rap traditionnel, comment est-il venu ?
Disiz : Dans ce souci de synthèse, il fallait que je repasse par la case départ qui est le rap pur et dur. La trame du disque, c'est l'histoire du Lotus : métaphore d'une fleur qui pousse dans la terre, qui traverse l'eau et qui s'épanouie au ciel. La terre c'est ma base, là d'où je viens, le rap ! Il fallait donc que je commence par-là, c'est pour ça que l'album s'ouvre sur Banlieusard Syndrome. Je devais faire un retour dans le passé sur l'adolescent que j'étais et qui rappais, quelle était ma vision du monde, mes envies et mes pulsions artistiques.
Et dans Rap Genius tu fais un peu un état des lieux ?
Disiz : En fait, dans Rap Genius et Banlieusard Syndrome, j'ai volontairement essayé de me dire : si j'avais 15 ou 16 ans aujourd'hui, comment je rapperais et sur quelle instru je poserais.
Avant on avait du rap du 91 ou du 93. Quand on écoute Rap Genius aujourd'hui, les départements n'ont plus trop d'importance. Exception faite de Marseille. Aujourd'hui on est plus dans un style de rap soit on est hardcore, soit conscient. Ça ne te manque pas ce côté identitaire où chacun en fonction de sa ville apportait son vocabulaire ?
Disiz : Prenons les USA : les différences entre un rap de Compton et un rap de Brooklyn sont dingues, rien que par le son. En France ce n'est pas pareil. Après, est-ce que ce n'est pas depuis les émeutes de 2005 qu'on a vu que les problèmes d'un mec du 93 sont les mêmes qu'un mec d'ailleurs.
Mais par contre, je déplore ce nouveau découpage avec les rappeurs « conscients », les rappeurs « Bling-Bling » : je le dis d'ailleurs dans Rap Genius. Moi je cherche plus la pertinence du rap.
Pour finir, il y a Vendredi C Sizdi. Ça va continuer jusqu'à la sortie ?
Disiz : Peut-être, je ne sais pas ! En tout cas, c'est un bon sas de décompression parce que ça me permet de faire des titres pas présents sur un album et qui ne s'inscrivent pas dans un projet. Et je trouve ça cool !
L'abum est dispo en pré-commande ici : http://po.st/TranseLucideDisiz
Mamzelle-Candy, Posté le samedi 29 mars 2014 09:52
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